Témoignage de Gaspard, codeur et autiste - “Il suffit parfois de très peu pour que je sache donner le meilleur de moi-même.”
04 Novembre 2019 BlogFormationsTémoignage

Témoignage de Gaspard, codeur et autiste - “Il suffit parfois de très peu pour que je sache donner le meilleur de moi-même.”

Partager

Gaspard T. a 50 ans et a été récemment diagnostiqué autiste Asperger. Très vite remarqué par son talent et son implication par le corps pédagogique, il a terminé sa formation Développeur Web et Web Mobile chez WebForce3 Paris en 2018. Actuellement en stage chez WebForce3, il a accepté avec plaisir de répondre à nos questions concernant son parcours professionnel et son ressenti après la formation.

 

Le projet Handi4Change de WebForce3 est finaliste du concours GOOGLE.ORG IMPACT CHALLENGE

 

Salut Gaspard, peux-tu nous présenter ton parcours professionnel et personnel avant la formation ?

Entre 20 et 30 ans, j’ai eu divers boulots dans le domaine du bâtiment, de l’enseignement du français dans les pays étrangers, de la vente en librairie. C’est en allant en Afrique du Nord il y a un peu plus de 20 ans que j’ai acheté un bouquin traitant d’Internet. Cela m’a permis de sélectionner un Fournisseur d’Accès Internet du pays dans lequel j’étais. Cela m’a d’ailleurs donné envie de m’y intéresser encore plus. Le FAI m’a proposé un travail de technicien de connexion, que j’ai accepté. Puis je suis rentré en France pour continuer sur cette lancée et suivre une formation généraliste en multimédia. J’ai beaucoup appris sur le tas, et me suis spécialisé en accessibilité – sans savoir alors que la notion de handicap me concernait.

En réalité, rétrospectivement, mon parcours est intrinsèquement lié au syndrome d’Asperger. En effet, j’ai donc longtemps exercé le métier d’intégrateur HTML puis de développeur front-end mais malgré une forte demande en ce domaine, j’ai fini par me retrouver de plus en plus à la marge de l’emploi sans bien comprendre pourquoi. Le diagnostic d’un trouble du spectre de l’autisme en 2018 est venu éclaircir la situation, en me permettant de mieux reprendre mes repères sur le plan professionnel.

 

Pourquoi as-tu choisi de suivre la formation Développeur Web et Web Mobile ?

Cette période de creux dans mes perspectives professionnelles avait néanmoins laissé intact mon goût du code. Grâce au diagnostic, j’ai décidé de me remettre dans une dynamique technique. La formation de WebForce3 correspondait à cet objectif. Elle m’a permis en outre d’explorer les technologies back-end, que je ne connaissais presque pas.

 

Qu’as-tu préféré dans cette formation ?

Pour moi tout ce qui relève de la théorie du front-end (structurer l’information, mutualiser les styles, maîtriser une interaction, identifier ce qui peut devenir une donnée pour le navigateur…) : c’est irremplaçable et ça me passionne.

J’ai également beaucoup apprécié l’écoute et la disponibilité des formateurs.

Pourquoi avoir choisi l’école WebForce3 ?

Une fois diagnostiqué autiste Asperger, j’ai été efficacement coaché par AsperTeam, une structure d’accompagnement vers l’emploi ; c’est là que j’ai entendu parler de WebForce3. Il se trouve que l’école était, en outre, déjà ouverte à la problématique de la formation au public autiste.

 

Tu es donc diagnostiqué d’un syndrome autiste asperger, ce qui n’est pas incompatible avec l’exercice de ce métier. Quel message veux-tu adresser au grand public ?

Il y a comme une accointance logique entre le code et certains autistes, une sorte d’évidence. On comprend tout de suite les implications de raisonnement. On a aussi la faculté d’être très concentré et d’être dans le souci du détail. Mais cela ne fait pas pour autant de moi un geek.

 

 

Et aux entreprises ?

Il suffit parfois de très peu pour que je sache donner le meilleur de moi-même.

 

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui hésite à commencer la formation ?

Je lui demanderais d’abord quelle est sa vision et quel est son usage du web, si regarder la source d’une page HTML (bien faite) lui fait peur, ou s’il peut y trouver motif à curiosité.

Après tout, c’est de l’information et du service qu’un développeur web met en ligne. Je pense qu’il est plutôt sain de s’interroger, avant de s’engager, sur la manière dont ces notions d’information et de service peuvent faire sens.

 

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui débute la formation ?

Dès le début, il faut penser à un débouché, un stage ou un emploi. Il faut passer du temps à réviser aussi bien qu’à anticiper la suite, à essayer de comprendre ce que tel code implique… Surtout, il faut continuer à creuser sans jamais clore un chapitre.

Quand on fait un formulaire HTML5 par exemple, il vaut mieux prévoir de ne pas figer la question de la validation car cela passe aussi bien par la source et les styles que par les scripts front et back, jusqu’à la base de données parfois.

 

Tu termines actuellement ton stage au sein de WebForce3 en tant que développeur. Ça s’est bien passé ? Quels étaient tes missions ?

Ça s’est bien passé et ça a été une chance pour moi de travailler ici. J’ai travaillé sur un projet précis et relativement technique. À WebForce3, les personnes avec qui j’ai travaillé ont eu un peu le rôle de “l’amplificateur de talents » qu’Isabelle Rouhan et Clara-Doïna Schmelck évoquent dans leur ouvrage Les Métiers du Futur. Ça veut dire que j’ai bénéficié de relations essentiellement favorables.

Je vais donc me permettre de citer quelques mots du livre : « D’abord la bienveillance ! Ce métier repose également sur l’empathie et sur la capacité à discerner les points forts et talents des personnes ou des organisations accompagnées. »

Cela m’a permis de me rapprocher de mon objectif : c’est-à-dire d’y voir plus clair dans mes compétences et dans quelles conditions je sais les développer et mener à terme un projet avancé.

Quels sont tes projets futurs ?

Trouver un aussi bon environnement qu’à WebForce3 pour occuper un poste de développeur full-stack ; maîtriser pleinement le back-end et le front-end, plutôt orienté dataviz.

 

Super, merci beaucoup Gaspard et bonne chance pour la suite !! 🙂